De nos jours la cérémonie du thé au Japon est souvent considérée comme quelque chose que les jeunes filles apprennent pour se préparer au mariage ou une opportunité d’échange social raffinée.
Dans le passé c’était un passe temps pratiqué par de féroces guerriers, laissant derrière eux les scènes de carnage perpétrées sur les champs de bataille ; déposant leur armure, sabres et lances puis se courbant pour pouvoir se glisser par la porte étroite de la chambre de thé.
Percevant le léger parfum à l’interieur, ils ressentaient jusqu’à leur moindre pore de peau la douce joie d’etre encore en vie.
Il est présentement difficile d’imaginer leurs sentiments, mais les ustensiles qu’ils ont utilisé et aimé sont toujours disponibles.
Le plus important de ceux ci était le chawan (bol à thé). Une personne qui apprécie les bols pour le thé comprends la voie du thé.
Le grand maitre Rikyu a énoncé qu’il était suffisant de simplement trouver agréable de boire du thé mais un bol à thé est nécessaire pour prendre ce plaisir. Sa beauté attire le regard, son poids et sa texture une fois en main, les lèvres effleurant son bord rehausse la saveur du thé et calme le coeur.
WAKEI SEIJAKU 和敬清寂 : harmonie, respect, quiétude et solitude est un mot qui transmet fidèlement l’esprit de la cérémonie du thé.
Le bol et les ustensiles rendent cet esprit visible. Les outils pour le thé sont utilisés par des personnes, des spécialistes peuvent deviner la personnalité d’un sujet en simplement regardant et soupesant le bol qui lui appartient, ne se trompant que rarement.
C’est probablement pourquoi les chefs de clans de l’ancien Japon on rivalisé très sérieusement pour détenir certains objets de cérémonie du thé.
Il est meme une histoire mentionnant qu’un loyal serviteur a été récompensé de ses services par un bol à thé d’une grande rareté à la place d’une province entière !
Certains guerriers étaient plus perceptifs que d’autres dans l’évaluation de la vraie valeur d’ustensiles à thé parmi d’autres mais se sont toujours senti honorés d’en détenir.
La cérémonie du thé est un condensé, une version esthètique de la vie ordinaire. Elle s’est épanouie dans une période de guerres internes incessantes, émergeant alors que les belligérants passaient tout leur temps à se battre, ayant perdu l’opportunité d’une vie heureuse et tranquille.
L’expression ICHIGO ICHIE 一期一会 : une seule fois dans une vie est aujourd’hui galvaudée mais avait une signification poignante pour les combattants des périodes passées. Meme maintenant personne ne peut dire s’il sera en vie demain, dans notre période de paix nous sommes presque sur du lendemain et ne sentons pas le besoin de lutter pour ne pas perdre la vie et nous offrir un futur.
Cependant nous pouvons combattre d’une manière sérieuse en repoussant l’orgueil, l’arrogance, la vanité, la fatuité et autres émotions inutiles. En plaçant plus d’importance sur le présent qui ne reviendra jamais, il est possible d’entretenir des relations idéales avec les autres.
C’est actuellement l’un des véritables objets de la cérémonie du thé.
En général les pratiques comme les arts classiques incluant la poésie, le noh, la danse japonaise se sont durcis en un style rigide suite à une période créative initiale. Ces formes (kata) sont devenues la norme. C’est probablement nécessaire pour développer une pratique, mais il faut garder à l’esprit que se ne sont que des formes servant d’appui à une signification plus large.
La cérémonie du thé tire sont origine de la vie d ‘hetres humains ordinaires. Si l’esprit du fondateur n’est pas infusé dans la forme et incorporé dans le corps du pratiquant ; le style et la forme seront improductifs.
O beshimi.